Abdallah Baroudi                                                                                    Paris, février 1991.
poète et écrivain,
en exil et réfugié
politique en France,
depuis 27 ans.

LETTRE à HASSAN II,

à l'occasion du 30e anniversaire de votre
coup d'Etat dynastique, le 26 février 1961
et de votre accession au pouvoir, le 3 mars 1961.







 
I) - LE CRIME ET LE FORFAIT, "VOTRE PAIN QUOTIDIEN".
                        l) - Le massacre du Rif de janvier 1959
                       2) - L'assassinat de Mohamed V et le coup d'Etat dynastique du 26 février 1961
                       3) - Vos crimes de mars 1965, de juillet 1971, d'août-novembre 1972, de juin 1981,
                            de janvier 1984 et de décembre 1990
II) - VOTRE RAGE PATHOLOGIQUE DU VOL ET DE LA RAPINE.
III) - UN "PARRAIN" DU HASCHISCH SE PRESENTANT COMME
        "COMMANDEUR DES CROYANTS".
IV) - VOS TRAHISONS INEXPIABLES.
                    l) - L'émigration des Juifs marocains en Israël
                   2) - Des faits concrets sur votre alliance stratégique avec le sionisme et  l'Etat d'Israël
                   3)-  D'autres faits concernant vos trahisons
 
V) - DE LA RESPONSABILITE DU POETE ET DE L'ECRIVAIN


Abdallah Baroudi,                                                                                                                    Paris, février 1991
poète et écrivain,
en exil et réfugié
politique en France,
depuis 27 ans.
 


LETTRE à HASSAN II,

à l'occasion du 30e anniversaire de votre
coup d'Etat dynastique, le 26/2/1961 et de
votre accession au pouvoir, le 3/3/1961.

 
 
MONSIEUR,

        Le 3 mars 1991,vous avez bouclé 30 ans d'un règne abominable, qui s'identifie pour le peuple marocain, à une interminable nuit, venant après la nuit coloniale, pendant laquelle notre peuple, du fait de sa résistance acharnée, pendant 25 ans a subi un véritable génocide, puisque plus de 9% de sa population ont été massacrés par les occupants au nom de la soi-disant civilisation, et surtout avec la bénédiction de "Commandeurs des croyants" indignes.

        Voici donc venue pour vous la terrible confrontation avec la mémoire de notre peuple, marquée et martyrisée au fer incandescent de la nuit et de la détresse, en tant "qu'œuvres" et "réalisations" de votre régime et de votre vie. Voici venu pour vous le temps de voir surgir de toutes parts l'immense armée des fantômes de nos martyrs, et celle des esprits de la terre de nos ancêtres, pointant vers vous et vos complices leurs doigts accusateurs. Et dans une clameur perpétuelle, ils ne cessent de réclamer justice, vengeance et leur droit à la vie. Voici que dans le bunker de la nuit et de la détresse que vous avez édifié, depuis 3 décennies, avec l'aide massive et multiforme de vos tuteurs étrangers, vous êtes convoqué dans le prétoire de l'histoire et de la mémoire. Et mon humble plume de poète, mise au service de notre peuple, qui n'est pas le vôtre et n'a jamais été le vôtre se contente simplement ici de dresser le procès-verbal du réquisitoire que chaque Marocain, depuis 30 ans, couve et "rumine" dans son cœur,  son âme et sa mémoire, dans le réceptacle desquels il a accumulé et comptabilisé, au fil des années, vos innombrables crimes et forfaits, vos non moins innombrables vols et razzias, ainsi que ceux de vos complices et de vos suppôts sur l'ensemble du patrimoine de notre pays, et cela aux dépens de la vie, du sang et de la sueur de nos travailleurs, de nos paysans et de notre jeunesse. De même, il a accumulé et comptabilisé vos innombrables trahisons des intérêts supérieurs de notre peuple et ceux de la nation arabe et au sujet desquelles, tôt ou tard, vous devrez rendre des comptes au peuple marocain, et cela que vous soyez mort ou vif !

        Grisé par un pouvoir totalitaire et sur-absolu, que le Maroc n'en a jamais connu de pareil, durant sa longue histoire, vous avez cru et vous croyez toujours, que grâce à l'aide et aux conseils de l'impérialisme et du sionisme, avoir édifié un système "opaque" non lisible et ne permettant pas de voir clair et de saisir les lignes de force de votre inexorable chevauchée vers l'abîme, certes lentement mais inexorablement. Calculs et peine perdus pour vous et vos tuteurs étrangers, car les patriotes marocains, habités par le rêve et la mémoire de leur peuple, veillent, du fait que leur conscience vigile est illuminée jusqu'au tourment, jusqu'à la fulgurance. Aussi, toutes les séquences de la trame et du puzzle de vos pulsions meurtrières et pathologiques, de vos crimes et forfaits, arc-boutés sur une volonté de nuisance, de prédation et de vengeance maladives et morbides, de vos trahisons inexpiables, sont-elles saisies dans leurs moindres détails par les patriotes marocains, qui, dans vos bagnes et vos centres de violence, qui dans l'exil et l'éloignement douloureux, qui dans vos propres services, qui même dans vos palais, maintiennent vivace et vivante la flamme de la résistance nationale, conformément à nos hautes traditions, que vous croyez avoir effacées et éradiquées dans la conscience de notre peuple. Mais détrompez-vous, car malgré la politique de crétinisation et la guerre totale et multiforme que vous menez, depuis 30 ans, contre le peuple marocain, avec le concours et l'aide en tous genres des ennemis de la nation arabe, notre peuple ne sera jamais totalement orphelin de son histoire et de sa mémoire.

I - LE CRIME ET LE FORFAIT, VOTRE PAIN QUOTIDIEN"

  l. ) - Le massacre du Rif de janvier 1959

        A ce sujet, pour "tatouer" et visualiser votre itinéraire sanglant sur les frontons de la postérité, il suffit de vous suivre à la "trace" et à la "traînée" de sang, de douleur et de malheurs que vous semez "à tout vent", depuis plus de 30 ans, dans les rangs de notre peuple et de sa jeunesse, et à travers son patrimoine. Pour cela et par commodité, j'adopte la méthode chronologique, en faisant défiler ici ces longues et sinistres années, ponctuées et rythmées par vos crimes et vos basses œuvres. Dans ce sens, réveillons ici l'armée des fantômes de nos martyrs dans le Rif, et revenons à la fin de l'année 1958 et au début de 1959, quand après avoir tâté le mécontentement légitime de nos frères rifains, du fait de leur ruine économique, après la suppression des 2 zones douanières dans le Nord du pays, vous avez suscité sciemment leur soulèvement. Cela entrait alors dans le cadre, entre autres, de vos manœuvres et de vos complots que vous maniganciez contre le mouvement national dans son ensemble et contre le Parti de l'Istiqlal plus particulièrement, dont la puissance, l'organisation, le crédit national (arabe et international) et le passé glorieux, vous inquiétaient tant, ainsi d'ailleurs que vos "amis" à Paris et Washington, où l'on "comptait" déjà beaucoup sur vous. Votre politique régionaliste de division et de pulvérisation de la cohésion de notre peuple, fut ainsi inaugurée par le crime inexpiable que vous aviez commis, en compagnie d'Oufkir, votre âme damnée d'alors. A la tête de 20000 hommes de troupe, appuyés par des avions pilotés, s' il vous plait, par du personnel "prêté" "gracieusement" et "généreusement" par Paris, vous vous êtes découvert une âme de "chef de guerre" et de "conquérant", aux côtés d'un Oufkir voulant vous montrer, vous impressionner et vous convaincre de son vaste savoir-faire meurtrier, acquis naguère contre les enfants et les femmes du Vietnam. Et vous avez dû éprouver certainement un sentiment de fierté pour vos nouveaux galons de "chef de guerre" et de "conquérant", en assassinant par milliers, au début de janvier 1959, nos enfants, nos femmes et nos vieillards rifains, écrasés sous les décombres de dizaines et de dizaines de leurs villages, soufflés par les bombes de l' artillerie et de l'aviation. A l'issue de votre "victoire" (ces faits me furent rapportés par un témoin oculaire), le sinistre 0ufkir, pour vous impressionner par sa "science" du meurtre et pour vous être "agréable" et vous offrir, ainsi qu'aux prétoriens criminels que vous venez d'utiliser pour assassiner leurs frères, se mit à relâcher et à "libérer" des prisonniers avec des grenades dégoupillées dans leur capuchon.
Emporté par son zèle meurtrier, il alla même jusqu'à sacrifier à vos pieds un autre prisonnier innocent, en l'égorgeant avec son poignard, son arme préférée, qu'il utilisait naguère, avec une rage sauvage, pour "scalper" les femmes et les enfants vietnamiens, pendant ses 2 séjours au Vietnam, où il reçut en tant que mercenaire et pour crimes et "services" éminents rendus quantité de "médailles et de ferrailles".

        Il s'est trouvé que ce massacre a visé essentiellement la tribu des Beni Ouryaghel, celle de notre illustre Abd Al-Krime (alors réfugié au Caire), le plus grand chef militaire de l'histoire marocaine et de la nation arabe, et ayant été l'âme de la résistance nationale à l'agression coloniale contre notre pays. En outre, par ce massacre, vous avez cru alors avoir réglé leur compte à son courage et à sa légende dans la mémoire et la conscience de notre peuple. L'autre objectif stratégique visé, était l'intimidation, l'affaiblissement et le démantèlement du mouvement national, et donc du Parti de l'Istiqlal, empêchant ainsi les forces vives de notre peuple de prendre leur destin en main et de transformer l'indépendance octroyée en une véritable indépendance de libération nationale. Les patriotes marocains savent d'ailleurs, que votre "haut fait d'armes", en compagnie du sinistre Oufkir, contre des populations innocentes du Rif, bouleversa alors profondément Mohamed V, qui, ayant reçu en audience Abderrahim Bouabid, quelques temps après, ne lui cacha pas ses inquiétudes et son appréhension, quant à vos pulsions meurtrières et à "votre impatience" fébrile d'accéder rapidement au pouvoir suprême ! Peut-être avait-il eu alors un vague pressentiment de ce qui devait lui arriver le 26 février 1961, quand opéré pour une affection bénigne, il ne devait jamais plus se réveiller de son anesthésie; et pour cause, puisque d'une façon délibérée, planifiée, préméditée et de sang froid, vous l'aviez fait passer de vie à trépas sur sa table d'opération.

  2. ) - L’assassinat de Mohamed V et le coup d'Etat dynastique du
        26 février 1961

        Le groupe de spécialistes ayant opéré Mohamed V, le 26/2/1961, était composé de médecins et d'anesthésistes français ainsi que de 3 docteurs marocains, dont notamment Taïbi Benhima, alors ministre de la Santé, et le professeur Al-Hadi Messouak. Les patriotes marocains, après une très longue enquête, ont réussi, grâce à des intermédiaires, à avoir le témoignage de l'un des membres de la famille de Taïbi Benhima et surtout celui du professeur Messouak, sur la façon exacte dont vous avez assassiné Mohamed V. Même si l'affection de ce dernier était bénigne, il fut néanmoins décidé de l'opérer sous anesthésie généralisée. Mais comme il souffrait d'une insuffisance cardiaque, il fut de même mis sous assistance respiratoire. Au cours de l'opération, vous avez fait irruption à l'improviste dans la salle d'opération, et vous avez intimé l'ordre au groupe médical de quitter le bloc opératoire. Le professeur français (toujours vivant et toujours votre "ami", profitant, depuis des décennies, de vos cadeaux et de vos libéralités "royaux") qui dirigeait l'opération, étonné par votre irruption et votre ordre, vous répliqua que celle-ci, étant parvenue dans une phase cruciale, ne pouvait être interrompue sans comporter des risques pour le patient. Et pour l'histoire, je vous remets ici en mémoire votre réplique: "c'est moi qui suis le patron ici !". Le groupe médical s'exécuta et alla s'installer dans la salle d'attente voisine, et vous étiez resté 20 minutes exactement à l'intérieur du bloc opératoire, où Mohamed V était étendu sur sa table d'opération. Quand vous étiez ressorti, le collectif médical ayant regagné le bloc opératoire, constata que Mohamed V était sans vie. Il était alors 13 heures 30 environ. Le diagnostic unanime tomba comme un couperet, frappant de stupeur les personnes présentes, qui saisirent l'ampleur du drame, dans la mesure où elles constatèrent que le décès du patient fut provoqué par asphyxie, puisque c'est vous-même qui aviez coupé son alimentation en oxygène !! Sitôt votre crime inexpiable consommé, en tant que première phase de votre coup d'Etat dynastique, la deuxième phase s'enclencha tout de suite après, conformément à un plan diabolique. que vous aviez probablement mijoté et "ruminé" des mois, sinon des années auparavant pour accéder au pouvoir suprême. En effet, le groupe médical, sitôt revenu auprès du patient, fut enfermé à clef par vos soins à l'intérieur du bloc opératoire, où il devait se morfondre pendant 5 heures auprès du cadavre de Mohamed V ! Pendant ces longues heures dramatiques, vous n'avez pas perdu votre temps, car sur tout le territoire marocain, vous avez fait mettre en place tout un dispositif policier et militaire, pour enrayer toute éventuelle surprise. De même, vous avez dépêché vers les grandes villes un certain nombre d'avions et d'hélicoptères pour y aller chercher à la hâte les soi-disant oulamas, devant constituer le conseil pour préparer la légitimation de votre crime inexpiable et de votre coup d'Etat dynastique. Vos "amis" à Paris et à Washington, qui ont, depuis fort longtemps, tablé sur votre avenir politique, et qui savent parfaitement quel triste sire vous êtes, ont accueilli avec faveur la perspective de votre "intronisation" .

        La nouvelle de la mort de Mohamed V ne fut annoncée sur les ondes que vers 18 heures 30 (le 26/2/1961),quand vous aviez jugé que votre crime était bien "ficelé" dans tous ses aspects. Dès cet instant, et comble de cynisme, vous n'avez pas cessé, depuis lors, et cela depuis 3 décennies, de vous réclamer , à chaque occasion (et à coups de citations de sourates du Coran) de celui que vous avez vous-même trucidé de vos mains ! Et à votre "intronisation" le 3 mars 1961, furent également légitimés et intronisés, non seulement un forfait et un crime inexpiables, mais aussi l'usurpation et l'imposture. De même, ironie du sort, en adoptant des attitudes et un comportement de componction appropriés, vous aviez exploité, à votre profit, le choc et la détresse ayant accablé alors notre peuple, qui était loin de savoir, le malheureux, que sa sueur et son pain quotidiens, sa dignité, sa liberté et sa libération allaient être confisqués et volés par un bien triste bouffon et "un criminel de la plus basse espèce" (Le Canard enchaîné du 2/12/1981). Ainsi, Le 26/2/1961, vous aviez signé votre crime en lettres de sang, comme en janvier 1959 dans le Rif. Vous l'aviez fait avaliser et légitimer le 3 mars 1961, grâce à un coup d'Etat dynastique qui mit fin à la dynastie alaouite. Dès lors, votre chevauchée sanguinaire était toute tracée.

  3. ) - Vos crimes de mars 1965, de juillet 1971, d'août-novembre 1972,
        de juin 1981, de janvier 1984 et de décembre 1990

        Le massacre de janvier 1959 dans le Rif fut pour vous une sorte de banc d'essai, vous ayant permis de vous "faire la main" et de vous préparer à faire face aux aléas de votre longue carrière de criminel. Dans ce  sens, "l'expérience" et le "sang froid" que vous avez acquis en 1959, vous ont servi, quand vous avez trucidé Mohamed V en 1961.

        N'étant porteur d'aucun projet de l'homme et donc d'un projet po1itique, économique, social et culturel, vous avez, par contre, réalisé un véritable hold-up de la liberté, du pain quotidien, de la souveraineté et de la dignité de notre peuple. Et vous n'avez pas cessé, depuis 30 ans, de semer la mort et le malheur dans les rangs de notre peuple et de notre jeunesse et cela dans votre vain espoir d'enrayer leur volonté d'insurrection et d'émeute endémiques.

        En mars 1965, à l'aspiration légitime de nos écoliers à l'instruction et au savoir, vous lui aviez répondu par les canons et les mitrailleuses, dans les rues de Casablanca, où périrent des milliers d'adolescents et d'enfants (y ajouter des milliers de blessés) ,foudroyés par le fer et la mitraille, ou écrasés par les chars dans les ruelles et les impasses, sans oublier "l'arrosage" meurtrier, des heures durant, à la mitrailleuse 12,7, effectué de son hélicoptère de commandement par l'abominable Oufkir. encore lui ! Quelques mois après le massacre de Casablanca, à la fin du mois d'octobre 1965, grâce notamment à la "coopération" du gouvernement et des services français d'alors, Ben Barka fut kidnappé, en plein Paris, et assassiné. Je vous signale d'ailleurs ici, que les patriotes marocains connaissent maintenant presque tous les dessous de ce crime qui figure en bonne place parmi les autres, dans l'acte d'accusation contre vous, ainsi que contre vos complices, vos tueurs et vos laquais.

        Puis vint le "séisme" de la "Grande bouffe" du 10 juillet 1971, où vous aviez été à un cheveu de votre naufrage. Et vous n'aviez dû votre salut qu'en raison, d'une part des négligences des mutins, et d'autre part et surtout de l'existence, en réalité, de 3 tentatives de coup d'Etat dans une seule, dont 2 pour le compte, respectivement de Paris et de Washington. Votre vengeance fut terrible, puisque non seulement 10 généraux et officiers supérieurs furent fusillés, en tant qu'organisateurs des trois tentatives de coup d'Etat, mais aussi 400 (parmi les 1400) cadets de l'académie militaire d'Ahermoumou, furent massacrés collectivement à la mitrailleuse 12,7, au Camp Moulay Ismaël, au petit matin du 11/7/1971. Ces 400 cadets, en tant que simples exécutants, donc irresponsables sur le plan judiciaire, furent néanmoins assassinés dans toute leur prime jeunesse. Aussi, le sang des fils des anciens guerriers de l'Atlas et du Rif vint-il tâcher un peu plus vos mains criminelles. Un an plus tard, après le "séisme" de la "Grande bouffe" de Skhirat, eut lieu le "coup de tonnerre" du 16 août 1972, où vous aviez failli être "foudroyé". Votre chance résida encore une fois, certes dans les négligences des mutins, mais surtout dans le fait qu'il y avait, en réalité 2 tentatives de coup d'Etat dans une seule. L'une, relevant d'Oufkir, était commanditée par Washington avec la "bénédiction" de Paris. D'ailleurs, une semaine avant le "coup de tonnerre" du 16/8/1972, Oufkir eut un "entretien" à Londres avec Alexandre de Marenches, alors "proconsul" des services français. C'est ce dernier qui le révèle dans son livre, "Dans le secret des princes" (Editions Stock, 1986, p.176). Les suites du "coup de tonnerre" du mois d'août 1972, furent de même placées sous le signe de votre vengeance habituelle. 11 officiers, dont Amakrane et Kouéra, deux grands patriotes qui resteront dans notre mémoire, furent fusillés trois mois plus tard, à la veille de l'Aïd Al-Kabir, signifiant ainsi au peuple marocain le terrible défi que vous lui destiniez. La fête qui devait être celle de la joie et de la réconciliation, fut vécue intensément et douloureusement comme un immense deuil par notre peuple. Cela a dû probablement assouvir la "foi profonde" du "Commandeur des croyants" ! D'ailleurs, le peuple marocain interpréta votre défi comme une "heureuse" illustration des "hautes vertus" d'un véritable chef religieux !

        Il faut que je vous rappelle ici que les malheureux rescapés de Skhirat et ceux du l6/8/]972, n'ont pas fini, depuis 2 décennies, de se décomposer et de disparaître, l'un après l'autre, dans le néant, dans les souterrains de la violence et de la nuit de Tazmamart et de Kalaat Mgouna dans le Sud.

        Sur votre itinéraire et votre chevauchée sanglants, je ne relate ici que les "haltes marquantes", sans tenir compte de votre "routine" et de vos "éphémérides" criminelles quotidiennes. Mais dans votre marche vers l' abîme, on ne saurait omettre néanmoins l'assassinat atroce d'Omar Ben Jelloun, le 18 décembre 1976, grand patriote parmi les grands qui, ayant eu le courage de ne pas cautionner votre "Complot saharien", paya de sa vie, son refus et son défi. Lardé de coups de poignards et achevé à coups de barres de fer, par 3 de vos tueurs il emporta dans son agonie, sur l'asphalte, devant son domicile, la vision fugitive de toute la détresse de notre peuple tant humilié et réduit à la servitude. Et Omar Ben Jelloun a été assassiné sur un ordre émanant directement de vous. D'ailleurs, les patriotes marocains sont en possession de preuves irréfutables sur votre responsabilité dans cet assassinat ignoble.

        Lors des émeutes de juin 1981, de janvier 1984 et de décembre 1990, qualifiées par la presse étrangère, "d'émeutes de la misère et de la faim", les massacres qui fauchèrent (comme en mars 1965) des milliers d'enfants et d'adolescents, avec en plus un nombre considérable de blessés, vinrent enrichir encore plus votre déjà à impressionnant et "somptueux" tableau de chasse, où le gibier est constitué par les fils de millions de nos paysans et journaliers, que vous, votre famille, vos complices, vos suppôts et vos tuteurs étrangers ruinèrent, par un pillage et un racket systématiques du patrimoine national dans son ensemble.

        Cette comptabilité macabre qui est la vôtre, ne saurait être complète, sans évoquer ici le "Complot saharien", dont j'avais démonté le mécanisme dans une étude en 2 parties, publiée dans la revue française les "Temps Modernes", en mai 1979 et mars 1980, sur la base d'informations irréfutables émanant de vos services et officines. En effet, sur la base de ces mêmes informations, depuis août 1974 (aux lendemains des "séismes" de 1971 et de 1972, lorsque vous aviez précipité en catastrophe au Sahara occidental une grande partie de l'armée marocaine pour sauver votre régime aux abois), près de 30000 morts et blessés vous payèrent le "tribut de sang" dans les sables du fin fond du Sud. D’ailleurs, dans le cadre de la soi-disant "libération du Sahara", combien de nos officiers patriotes furent-ils liquidés sur vos directives expresses ?

        Certes, pour vous, le pouvoir et sa conservation à tout prix, ont pour corollaires nécessaires le crime et le forfait, en tant que succédanés d'un projet politique, économique, social et culturel. Aussi, faute d'un consensus impossible dans ces conditions, vous ne pouvez donc avoir l'adhésion de notre peuple, puisque pour vous, il n'y a pas à le convaincre, mais à le soumettre, à le vaincre et à l'humilier. D'ailleurs, la formule-litanie, devenue presque une nouvelle "sourate" [Le roi, qu’Allah le fasse vainqueur ! :                              ] aboyée d'une façon lancinante et obsessionnelle, depuis 30 ans, par vos aboyeurs de service, dans chaque propos vous concernant, est tout un programme, dont le contenu et la portée idéologiques n'ont pas échappé à l'attention des patriotes marocains. En effet, quelle victoire implique cette formule, sinon la vôtre sur notre peuple, à qui vous ne cessez, en vain que vouloir intérioriser sa "défaite". De même, au consensus s'arc-boutant sur une juste répartition des pouvoirs, et en tant qu'équilibre et conciliation entre les intérêts des différentes composantes de la communauté nationale, vous avez choisi plutôt la stratégie de la tension et de la guerre internes permanentes, en faisant croire inlassablement, depuis 30 ans, que de par les prérogatives "divines et prophétiques" (!) d'un soi-disant "Commandeur des croyants", vos seuls intérêts, ceux de votre camarilla, de vos complices, de vos suppôts et de vos tuteurs étrangers, ont le pas (et le "coup de pied ") totalement et totalitairement sur ceux du peuple marocain dans son ensemble. Ce dernier est pour vous non à servir mais à asservir ; et vous le considérez comme un ennemi à combattre, à domestiquer et à enchaîner. C'est pour cela que les "outils" de votre pouvoir sont, par essence, la force et la violence sans limites, pour susciter la peur, sinon l'épouvante. Comme, depuis 3 décennies, vous avez effectué un véritable hold-up des droits, de la liberté, de la dignité, de la souveraineté et du pain quotidien à notre peuple, vous avez de même, annexé et volé son dire et sa voix, par un véritable terrorisme sur ses opinions, ses sentiments et ses aspirations. Ce qui constitue la pire des violences et le pire des crimes. En effet, seule votre voix est présente, seule, elle est le droit, la légitimité et la souveraineté, seule, elle est habilitée à dire, à parler et à trancher, conformément à l'idéologie unilatérale, "monochromatique" et totalitaire, tombant des "oracles" d'un soi-disant "Commandeur des croyants ". Aussi, notre peuple est-il condamné au mutisme et au silence, qu'il a d'ailleurs déjà vécus durant la nuit coloniale. Bien plus, vous avez fait de notre pays un Sahara politique et cultuel, dont la "désertification" s'est accentuée encore plus, dans le cadre de votre "Complot saharien" fonctionnant depuis août 1974. Et en bon "cultivateur" de la nuisance, de la prédation et de la déprédation que vous êtes, vous faites "planter" dans ce "Sahara multiforme", par la grâce d'Allah et de son prophète et avec un "goût, un bonheur et un doigté" certains, des forêts et des futaies du vol, de la rapine et du pillage, ainsi que celles, combien "plantureuses et touffues ", de la corruption.
 

  II - VOTRE RAGE PATHOLOGIQUE DU VOL ET DE
            LA RAPINE

        Le hold-up, par la force et la violence, de la liberté, des droits et de la dignité de notre peuple, porta aussi sur son pain quotidien ,ainsi que sur son patrimoine économique. En effet, au fil des années, notre pays est devenu votre propriété privée, ainsi que celle de votre famille, de votre camarilla, de vos innombrables clients et complices, marocains et étrangers. Ajouter à cela, que pour vous, la stratégie du pouvoir, est non seulement articulée sur la force et la violence, mais aussi sur l'appauvrissement et la crétinisation de notre peuple. En effet, pour mieux asservir ce dernier, il faut l'affamer, en lui retirant de la bouche son pain quotidien. Dans ce sens, on peut dire que le peuple marocain vit, depuis 3 décennies, un véritable processus "d'indianisation" et de "clochardisation" , ayant pour corollaire logique un état endémique d'émeutes et d'insurrections. Aucun secteur économique n'échappe à votre boulimie pathologique et maladive de vous accaparer de tout ce qui produit quelque argent. Premier propriétaire terrien, avec les meilleures terres (et irriguées), vous avez mis la main, soit directement, soit grâce à des prête-noms et à des hommes de paille, sur tout l'appareil productif du pays, ainsi que sur les secteurs des services et de l'immobilier. La position dominante, sinon écrasante acquise ces dernières années, par votre gendre Fouad Filali, à la tête de l'Omnium Nord-Africain (O.N.A.), en association inévitable et de "droit divin" avec le sionisme, concrétise parfaitement votre rage de pillage systématique du patrimoine de notre peuple. D'ailleurs, cette pratique criminelle a eu des effets catastrophiques sur l'économie marocaine, reconnus par des observateurs objectifs de tous bords. Et au début de la dernière décennie, il ressort du rapport que vous avez vous-même commandé à la Banque mondiale, que de 1960 à 1980, les moyens de subsistance du peuple marocain ont régressé de 50% ! Pour votre gouverne "royale", sachez qu'à la fin de la dernière décennie, 16 millions de Marocains, soit près de 50% de la population totale marocaine, vivotaient avec un "budget", par personne et par jour, inférieur à 5 dirhams, en moyenne ! A l'opposé, une véritable mafia de moins de 5% de la population, dont vous êtes le premier "dignitaire" et le "parrain", possède, pille et détruit notre riche pays, à son profit et à celui de ses tuteurs étrangers. D'ailleurs, l'ampleur du pillage que vous avez organisé, depuis 3 décennies, est à la mesure de l'énorme fortune que vous et votre famille avez accumulée par le vol, la rapine et les trafics en tous genres. Après une longue enquête, les patriotes marocains, ayant sollicité un très grand nombre de sources et ayant procédé à de très nombreux recoupements, évaluèrent cette fortune colossale, au début de la dernière décennie, à 40 milliards de dollars, soit 3,6 fois la dette extérieure marocaine en 1980, évaluée 11 milliards de dollars, et 1,6 fois cette même dette extérieure en 1989, éva1uée à 25 milliards de dollars ! Et depuis 10 ans, vous avez dû certainement faire des "progrès significatifs" pour gonfler encore plus votre énorme fortune. Pour vous faire prendre conscience de votre "tour de force" et de votre "exploit", en matière de pillage, je vous signale que la Résidence générale avait évalué, au début des années cinquante, la fortune du Palais royal, à "seulement" 3 milliards 500 millions de centimes (Georges Spillmann, Du protectorat à l'indépendance : Maroc de 1912 à 1955, p.177) . Le général Georges Spillmann savait de quoi il parlait, puisqu'il fut l'un des piliers de l'administration coloniale au Maroc pendant 26 ans, et cela à des échelons très élevés.

        Une partie importante de votre énorme "magot", qui est la sueur et le sang de notre peuple, se trouve certes au Maroc, mais l'autre partie se trouve "semée" en Europe occidentale et aux Etats-Unis, où vos dépôts bancaires sont colossaux, et où vous disposez d'investissements et d'un patrimoine immobilier fabuleux (dont, entre autres, 2 châteaux en France), gérés par l'organisation sioniste (et donc au grand profit "bien compris" de l'Etat d'Israël), avec laquelle vous avez passé, depuis des décennies, une véritable alliance stratégique. Quant à vos fermes, vos innombrables et immenses propriétés, vos domaines de "chasse", vos châteaux et vos résidences somptueuses, au Maroc et à l'étranger, etc.., ils sont gérés de même par des étrangers. Et notre peuple sait maintenant, d'une façon précise, que le "Commandeur des croyants" n'a confiance que dans les étrangers, des mercenaires dont il achète "généreusement et royalement", les "compétences" et surtout le silence. Que dire de même, de vos différents stratagèmes pour racketter notre peuple ? En effet, la souscription nationale (et même internationale) pour la reconstruction d'Agadir, après le séisme de 1960, "l'Emprunt Sahara" de 1976 pour financer le démarrage de votre "Complot saharien ", et enfin le "racket royal" (Le monde du 22/12/1988) organisé pour financer le "scandale" de votre mosquée à Casablanca, ont été pour vous autant de moyens pour détourner, à votre profit et à celui de vos complices, une partie importante des sommes colossales collectées et soutirées, parfois par la force, comme lors de votre "escroquerie nationale" de l'été 1988, pour votre mosquée casablancaise. Que dire encore de votre O.P.A. sur les ressources en eau de notre pays, et votre soi-disant "politique des barrages", consiste à vous pro- curer, aux frais du peuple marocain, des installations hydrauliques pour irriguer vos immenses domaines et fermes, où vous faites cultiver des agrumes et des primeurs, destinés à l'exportation et vous permettant d’amasser fortes quantités de devises. De même, 0.P.A. sur le commerce de détail par vos supermarchés "Al-Morjane".

        Si votre stratégie du pouvoir s'arc-boute sur la force, la violence, la répression, 1' appauvrissement et la stratégie de l'ignorance et de 1a crétinisation, pour domestiquer, asservir et avilir notre peuple, elle comporte de même, un puissant "adjuvant", à savoir la corruption, que vous avez érigée en "système de gouvernement" (Le Nouvel Observateur, 27 janvier 1984, p.34). D'ailleurs, la corruption est le corollaire de votre boulimie pathologique de pillage systématique du patrimoine de notre peuple. Les effets destructeurs et conjugués de ces différents moyens, portèrent et portent toujours leurs fruits funestes, sur tous les aspects de la vie nationale, car il apparaît clairement maintenant que sitôt, votre coup d'Etat dynastique réalisé, le 26/2/1961, et la dynastie alaouite éliminée avec l'assassinat de Mohamed V, votre volonté fut et demeure toujours, de démanteler et de détruire tout ce qui, dans la société marocaine, constitue un obstacle à l'instauration de votre pouvoir absolu, total et totalitaire. Oui, pour vous, il s'agissait et il s'agit toujours de détruire de l'intérieur, tous les points nodaux et les facteurs de résistance intrinsèques de notre peuple. Ainsi, la guerre de la terre brûlée menée naguère par la colonisation, fut reprise par vous, mais accommodée à la "sauce particulière" du "Commandeur des croyants", dans la mesure où la guerre que vous menez contre notre peuple, est placée sous le signe et la "bénédiction" d'Allah et de son Prophète. Aussi, la société marocaine se retrouve-t-elle actuellement comme sinistrée, n'ayant pas résisté à votre capacité diabolique de nuisance, de prédation et de déprédation. Avec des structures démantelées, pulvérisées et appauvries d'une façon multiforme, avec une paysannerie prolétarisée et ruinée, induitsant un exode rural massif et une "ruralisation" progressive des villes et du tissu urbain, avec une partie importante de la jeunesse "clochardisée" et droguée par vos "soins" et ceux de vos complices, avec l'édifice de la famille érodé et terriblement secoué ; la société marocaine se retrouve, au terme de ces 3 dernières décennies, dessaisie progressivement de ses moyens intrinsèques d'auto-défense (sans pour cela que notre peuple soit désarmé). Et dans l'arsenal des armes que vous déployez quotidiennement, depuis 30 ans, contre le peuple marocain, l'une des plus funestes est assurément celle de la drogue.
 

  III - UN "PARRAIN" DU HASCHISCH SE PRESENTANT COMME "COMMANDEUR DES CROYANTS"

         Depuis 1961, la "nuit marocaine" est synonyme, pour le peuple marocain, de la force et de la violence sans limites, du pillage et de la corruption etc.., en  tant qu'armes d'une guerre sans merci que vous lui livrez. Comme notre jeunesse constitue le vecteur actif de la résistance à votre régime odieux, ce n'est donc pas un hasard si l'arme de la drogue la vise tout particulièrement. En effet, le hold-up que vous avez effectué du patrimoine économique et culturel du peuple marocain ne vous a pas suffi, car vous avez de même tenté (avec malheureusement des succès certains) un hold-up sur la santé physique et mentale de sa jeunesse, dont vous avez rêvé de faire un ramassis de zombis. Plus que la stratégie de l'ignorance et de la crétinisation, le haschisch est assurément une arme fulgurante pour détruire les forces vives de notre peuple. C'est pour cela, que vous vous êtes emparé (avec des membres de votre famille et de votre camarilla) de la culture et de la commercialisation de la drogue, vous permettant, sur le plan intérieur, de drainer à votre profit des flots de dirhams, et d’empoisonner nos écoliers et notre jeunesse ; et sur le plan extérieur (en Europe occidentale et aux Etats-unis ainsi qu’au Canada), de récolter des devises, "blanchies" et gérées par vos "amis" et vos alliés stratégiques de toujours, les sionistes, contrôlant une grande partie du réseau bancaire. Le "filet du haschisch" que vous avez lancé sur notre pays, depuis des décennies, s'articule autour des structures scolaires et universitaires. Et ce sont vos polices, vos services et vos agents qui "contrôlent, ravitaillent et étendent eux-mêmes les réseaux de la drogue, sur tout le territoire marocain, et cela au profit de Sa Majesté" (lettre de 4 pages, au président Mitterrand, envoyée le 2 mai 1990, en tant que suite à mon emprisonnement arbitraire, pendant 27 jours, par les services français). En effet, les Marocains savent, depuis fort longtemps, que le haschisch est transporté dans ces véhicules (officiels) de vos polices et de votre gendarmerie, pour ravitailler même les localités les plus reculées du pays, et notamment leur marché hebdomadaire. Des véhicules des transports en commun, comme les cars et les taxis, sont de même réquisitionnés pour cela. Dans ce sens, je vous remets en mémoire ce que j’avais déjà signalé dans certains de mes ouvrages, à savoir qu'au début de la dernière décennie, il y avait entre 3,5 et 4 millions de Marocains (des enfants et des adolescents dans leur écrasante majorité) drogués "royalement" par les officines criminelles du soi-disant "Commandeur des croyants". Ces données chiffrées m'étaient parvenues de l'intérieur même de vos services. Depuis 10 ans, l'extension de vos réseaux de haschisch a pris une ampleur considérable, et ces données chiffrées n'ont, bien entendu, plus cours, plus de 10 ans après. Et on peut être assuré que vos profit criminels réalisés, par la ruine de la santé physique et mentale de notre jeunesse, ont suivi sinon "couru" ! D'ailleurs, le trafic du haschisch est chose tellement sérieuse et profitable, à plusieurs titres, pour vous et vos complices, que vous avez créé, pour cela, toute une organisation au Maroc, ayant ses prolongements en Europe occidentale, aux Etats-Unis et au Canada, où vous disposez à votre guise, d'une part de la "coopération" des structures d'accueil des "commerçants" et des agents de l'Agence sioniste internationale, et d'autre part de complicités au sein même des services de ces pays. Ajouter à cela que le "commerce extérieur" du haschisch est "suivi" et pris en charge par un véritable état-major composé de 20 personnes, relevant directement de vous et de vous seul, en tant que "parrain" de la mafia de la drogue au Maroc.

        Décidément, bien curieux "Commandeur des croyants" que vous êtes ; et vos citations obsessionnelles et théâtrales de sourates du Coran, à tout propos et à toute occasion, n'empêchent pas notre peuple de connaître la nature du personnage et du triste sire que vous êtes. En effet, votre discours "religieux" et paranoïaque n'est qu'un paravent et un épouvantail ne trompant plus personne. Aussi, n'est-il plus opératoire, sur le plan idéologique depuis belle lurette. Mais il est dit que l'aveuglement et la volonté meurtrière, prédatrice et morbide sont l'apanage des criminels hors du "commun" !
 

  IV - VOS TRAHISONS INEXPIABLES

        Plus que vos pulsions meurtrières et criminelles, plus que votre rage pathologique du vol et de la rapine, plus que votre statut de "parrain" du haschisch, c'est assurément vos trahisons inexpiables des intérêts supérieurs de notre peuple et de ceux de la nation arabe qui constituent le point d'orgue de votre longue chevauchée vers l'abîme. La maxime "la fin justifie les moyens", s'applique parfaitement à vous comme un gant. D'ailleurs, la façon ignoble dont vous avez trucidé Mohamed V, et vos complots (en 1963), non seulement contre le mouvement national (complot contre l'Union Nationale des Forces Populaires), mais aussi contre le peuple algérien frère (qui venait à peine de sortir d'une guerre meurtrière contre la colonisation), avec la collusion et la coopération actives de Paris et de Washington, en donnent une illustration éloquente. Cette maxime est votre devise d'airain, puisque pour vous, le pouvoir et sa conservation méritent même de vendre son pays, son peuple ; la grande famille arabe et pourquoi pas soi-même.

        Pour illustrer mon analyse, j'adopte la chronologie dans le temps pour vous suivre pas à pas sur votre sombre itinéraire de trahison, en me basant sur des faits irréfutables, appuyés sur de longues recherches et des enquêtes de patriotes marocains, s'étendant sur plus de 2 décennies.

  l. ) - L'émigration des Juifs marocains en Israël

        Jusqu'à présent, le peuple marocain ne dispose, ça et là, que de "lambeaux" de faits sur vos relations stratégiques avec l'Organisation sioniste internationale et l'Etat d'Israël. Pourtant, depuis 1957, vous n'avez pas cessé de comploter contre le peuple palestinien et d'aggraver sa tragédie et son martyre, et cela au profit des ennemis des Arabes. Dans ce sens, l'émigration des Juifs marocains vers l'entité sioniste, a indéniablement une relation directe avec l'évolution du rapport de force entre les différents partis politiques israéliens, survenue en 1977, avec la prise du pouvoir par le Likoud. Etant donné l'importance de la communauté juive marocaine, dont le nombre de personnes se situait entre 250000 et 300000 en 1948,son transfert massif vers Israël, figurait parmi les objectifs stratégiques de l'Agence juive. De 1948 à 1957, selon les données chiffrées consultées (Doris Ben Simon-Donath, Immigrants d'Afrique du Nord en Israël, C.N.R.S., 1970), 100670 Juifs marocains quittèrent le Maroc. Or, ce que notre peuple ne savait pas et ne sait pas encore (ainsi que les opinions arabe et internationale), c'est qu'un accord secret fut intervenu en 1957, entre vous (à l'insu de Mohamed V, qui était catégoriquement opposé à l'émigration des Juifs marocains vers Israël) et le_gouvernement Ben Gourion. Nahum Goldmann, en sa qualité de président alors de l'Organisation sioniste mondiale, fut associé à cet accord et en connaissait tous les détails. Une autre personnalité de premier plan, Bruno Kreisky, de par ses liens d'amitié qui le liaient à ce dernier, connaissait de même tous les tenants et les aboutissants de ce plan, dont l'exécution et le suivi étaient assurés par une "antenne" du Mossad, installée, depuis lors au Maroc, aux niveaux sensibles de votre régime, jusque dans vos palais, puisqu'elle participe même (de concert avec des agents américains et français) à la mise en œuvre de votre "sécurité rapprochée". Bien plus, depuis la décennie soixante, les agents des services israéliens se démènent et agissent, à leur guise et au grand jour, dans notre pays et y ont pignon "sur rue " et jouissent de votre "haute" protection et de votre "haute bénédiction". Les officines du Mossad sont si bien implantées au "royaume bienheureux" du "Commandeur des croyants", que lors d'un "voyage officiel au Maroc en janvier 1961 le colonel Nasser résida dans une villa de Casablanca aménagée par l'un de ses agents. Le Mossad échafauda un projet d’assassinat du président égyptien au auquel le gouvernement de Jérusalem mit son veto"( Le Monde, du 16/5/1984) ! Au sujet de l'accord intervenu, entre vous et le gouvernement Ben Gourion, voici 34 ans, des patriotes marocains, ayant appris dernièrement son existence, essayèrent vainement d'approcher l'homme d'Etat autrichien, quelque temps avant sa mort, alors que malade, il s'était retiré aux îles Baléares. Dans l'accord secret intervenu entre vous et le gouvernement Ben Gourion, il était stipulé que vous deviez "faciliter" l'émigration massive des Juifs marocains vers Israël, en contrepartie d’un véritable "magot" de plusieurs dizaines de millions de dollars (dont les patriotes marocains ne connaissent pas le montant exact), qui fut versé à votre profit sur des comptes bancaires parisiens et suisses.  D'ailleurs, cette méthode de démarchage utilisée par l'Agence juive, depuis 1948, fut de même couronnée de succès, sous d'autres latitudes. Ainsi, lors du naufrage du régime de Ceaucescu et l'exécution de ce dernier, les nouveaux dirigeants roumains, sur la base de documents confidentiels découverts dans les résidences de l'ancien dictateur, révélèrent que ce dernier avait reçu 60 millions de dollars, déposés dans les banques suisses, en échange de l'émigration en masse des Juifs de Roumanie vers Israël.

        Votre rôle de trahison dans le plan sioniste, à l'origine de l'émigration massive des Juifs marocains vers Israël, apparaît d'ailleurs clairement par le simple examen de l'évolution des statistiques concernant cette émigration (Doris Ben Simon-Donath, Immigrants d'Afrique du Nord en Israël. Les 2 autres sources étant : Le Monde du 24/1/1985 et la revue sioniste l'Arche de juin 1978). En effet, de 1958 à mai 1961, environ 10000 Juifs marocains par an prirent "clandestinement" le chemin d'Israël. Or, de mai 1961 (c'est-à-dire juste après votre coup d'Etat dynastique, le 26/2/1961) à la fin de 1964, pas moins de 130000 (soit 32500 en moyenne par an, donc plus de 3 fois plus que pendant les années précédentes) émigrèrent "légalement" et officiellement vers l'entité sioniste, 100 000 s'y installèrent effectivement, les 30000 restants s'établirent en France, au Canada et aux Etats-Unis. Au cours des années qui suivirent, de 1965 à 1967, environ 100 000 de nos concitoyens juifs quittèrent "légalement" et avec votre "bénédiction attentionnée et "intéressée", leur pays d'origine, avec des passeports collectifs pour aller s'installer en Israël, donc à la place de nos frères palestiniens.

        Plus que les effets extrêmement négatifs sur les plans social, économique et culturel, de cette émigration massive sur la scène marocaine, dans la mesure où elle équivalait à un appauvrissement multiforme de la communauté nationale, ses implications sur le paysage politique israélien et sur les conditions du peuple palestinien, furent autrement plus considérables, sinon funestes. Celles-ci sont d'ailleurs à la mesure du poids que cette émigration juive marocaine a acquis en Israël, puisque avec ses 700000 à 750000 personnes en 1990 (contre 400000 à 450000 en 1978), elle représente actuellement plus de 20% de la population totale de l'Etat Juif !

        Les Juifs d'Afrique du Nord, et d'une façon générale ceux qu’on appelle les Juifs orientaux, arrivés en Israël, furent et sont toujours considérés comme des sous-hommes par les ashkénazes qui les appellent "les Noirs". Défavorisés, sur le plan économique, ils sont cantonnés dans des secteurs d'activité "périphériques". Ce qui est à l'origine de leur enrôlement massif, dans les rangs de l'armée israélienne. De condition modeste, ils sont en plus très sensibles à la démagogie fascisante des formations politiques de l’extrême droite et constituent les troupes de choc de la colonisation sioniste des territoires arabes occupés, depuis 1967 : Cisjordanie, Gaza et Golan. Ils forment aussi la base active et activiste de partis comme le Likoud, par exemple, de loin le plus puissant. Dans ce sens, les Juifs marocains furent incontestablement à l'origine du succès électoral écrasant de ce dernier, et de l'avènement au pouvoir de Menahem Begin en 1977,dont le parti domine toujours la scène politique israélienne, pour le grand malheur du peuple palestinien.

        Ainsi, votre collusion criminelle dans les plans sionistes depuis 1957, a joué un rôle décisif dans le renforcement des structures de l'Etat juif et de son militarisme, présentant les plus grands dangers, non seulement pour le peuple palestinien, mais aussi pour tout l'hinterland arabe du Proche-Orient, d'autant plus que la puissance américaine est totalement au service de l'expansionnisme israélien.

        L'accord intervenu en 1957, entre vous et le gouvernement Ben Gourion, ouvrit des perspectives très "prometteuses", quant à vos relations ultérieures avec le sionisme et l'Etat juif. Et c'est de cette époque que furent jetées, entre les 2 parties, les bases d'une véritable alliance stratégique. Dans le cadre de l'échange de "bons procédés" et en contrepartie de vos services éminents rendus au sionisme et à l'Etat d'Israël, ces derniers ont tout fait (et le font toujours) pour mobiliser leurs puissants lobbies en Europe occidentale et en Amérique du Nord pour vous fournir des aides politique, économique, diplomatique, médiatique, policière et militaire, qui vous ont permis de mener la guerre contre notre peuple, dans de meilleures conditions, et de faire face aux développements du "Complot saharien" (+).

  2.) - Des faits concrets sur votre alliance stratégique avec le sionisme
            et l'Etat d'Israël

Cette alliance stratégique, même voilée par le secret, se concrétisa néanmoins, quelquefois d'une façon spectaculaire, au cours des 3 dernière décennies. Signalons en premier lieu votre mutisme indigne et complice, lors de l'agression israélienne de 1967 contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie. Bien plus, vous avez donné le feu vert aux navires israéliens de relâcher dans les ports de notre pays, pendant le conflit. De même, avec votre accord, des avions cargos israéliens, chargés d'armes américaines, à destination d'Israël, ont fait escale dans les bases U.S. implantées au Maroc, pendant que le sang arabe coule en Egypte, en Syrie et en Jordanie. Le peuple marocain garde en mémoire le fait que les sionistes marocains, au vu et au su de vos polices et de vos services, célébrèrent, sur des airs israéliens la victoire de Sion sur la nation arabe, dans des tripots et des boîtes de nuit de Casablanca et de Rabat notamment.

        L'agression de 1967 eut pour contrecoup immédiat, le départ d'une nouvelle vague de Juifs marocains vers Israël, et cela avec votre "bénédiction", comme à l'accoutumée, et conformément aux clauses de l'accord que vous aviez passé avec le gouvernement Ben Gourion, 10 ans auparavant. Ainsi, de juin à novembre 1967, pas moins de 7000 de nos concitoyens juifs (source: la revue sioniste, L'Arche de juin 1978) prirent le chemin de l'Etat juif, regarde alors avec engouement comme étant effectivement la "Terre promise", après la victoire de 1967.

        Lors de cette agression, l'armée israélienne s'étant emparée d'un matériel militaire important, aux dépens de l'Egypte, de la Syrie et de la Jordanie, vous aviez alors pris contact avec le gouvernement Eshkol pour l'acquisition d'une partie de ce matériel, entre autres, 120 chars Sherman et A.M.X.13. Pour couvrir cette transaction infâme, le marché fut conclu par l'intermédiaire de la Belgique. Mais le pot aux roses fut alors découvert rapidement. En effet, quelle fut la stupéfaction des officiers de l'armée que vous appelez "royale", quand, quelques mois après l'acquisition de ces blindés (au cours de 1968), leur peinture commençant à partir en plaques, ils découvrirent leurs immatriculations, d'abord en hébreu puis en arabe !

        Le fonctionnement de votre alliance stratégique avec l'Etat sioniste ne connut pas d'accrocs, depuis 1957, en raison de vos relations très étroites avec les dirigeants, les hommes "d'affaires" et les services israéliens. Paris joua et joue un rôle de plaque tournante pour ces relations et cette alliance stratégiques. Dans ce cadre, je vous remets en mémoire, la contribution décisive des agents israéliens dans la longue traque ayant abouti à l'enlèvement et à l'assassinat de Ben Barka.

        Si jusqu'au milieu des années soixante-dix, l'alliance stratégique vous liant au sionisme et à l'Etat d'Israël, se concrétisait, entre autres, par la venue au Maroc, plus ou moins secrètement, de membres de la Knesset, de sionistes notoires, américains et européens, d'hommes "d'affaires" et "naturellement" de vos "affaires", de "spécialistes" en tous genres venant vous proposer leurs idées, leurs méthodes et leurs services ; cette alliance connut un tournant, à partir de 1975, dans la mesure où on assista alors à une véritable noria, entre Rabat et Tel-Aviv, de responsables politiques israéliens à des échelons très élevés. En effet, c'est aux lendemains de la Guerre d'octobre en 1973, que tous les plans et les complots américano-sionistes visant la reddition politique de la nation arabe, commencèrent à prendre corps. Et c'est vous, qui fûtes choisi comme "l'heureux élu", par Tel-Aviv et Washington, pour en être le courtier et le démarcheur, auprès de certains régimes arabes, et même de personnalités dites "modérées" de l'O.L.P. .C'est ainsi que le général Dayan vint secrètement vous rendre visite, en 1975, en sa qualité de ministre des Affaires étrangères. Il effectua d'ailleurs 3 voyages, entre Tel-Aviv et Rabat, de 1975 à 1977, dans le cadre de la préparation du "fameux voyage" de Sadate à Jérusalem, voyage ayant eu comme concrétisation politique l'accord de Camp David en 1979. Après Dayan, ce fut Rabin, alors premier Ministre, qui vous rendit visite de même secrètement en 1976.Quant à Pérès, soit en tant que chef de l'opposition, soit en tant que premier Ministre, il vous rendit visite à 4 reprises, dont 3 secrètes (en 1979, 1981 et 1984), et la quatrième, en 1986, revêtit un caractère quasi officiel, connue sous le nom de Rencontre d'Ifrane.

        En échange de vos services éminents pour "vendre" le malheureux peuple palestinien, Washington et Tel-Aviv vous avaient promis plein de dollars, plein d'investissements, plein de surplus américains, c’est-à-dire tout ce qui vous permit de continuer à faire prospérer vos "affaires" et celles de votre famille, de vos principaux complices, de vos innombrables "clients" et de vos suppôts. Ils vous avaient de même promis, une aide politique, diplomatique, médiatique et militaire pour vous permettre de mener à bien votre "Complot saharien" .

        Le plan américano-sioniste visant à détacher l'Egypte de la nation arabe, afin de la neutraliser, pour mieux contourner et réduire la résistance du peuple palestinien, atteignit certains de ses objectifs, grâce en très grande partie à vous. Pour avoir une idée précise sur votre immense "contribution"-trahison, il suffit de se reporter à l'ouvrage du général Dayan (Paix dans le désert, Editions Fayard, Paris, 1981) où ce dernier donne un compte rendu très détaillé de ses différentes rencontres secrètes avec vous. II y révèle toute la "cuisine" ayant précédé l'accord de Camp David, ainsi que vos "propositions" et même vos propos qui "claqueront" (les patriotes marocains "en sont convaincus), à la barre du prétoire de l'histoire et de la mémoire de notre peuple.

        Vos services éminents rendus à Tel-Aviv et à Washington dans l'aboutissement de la conjuration de Camp David furent amplement récompensés, comme je l'ai signalé précédemment. Dans ce sens, le projet de construction du Mur saharien vous fut proposé par l'état-major de l'armée israélienne ; et ce fut le même collectif d'ingénieurs du génie militaire de l'Etat hébreu, ayant construit la Ligne Barlev, qui établit les plans de votre super-Ligne Barlev. Selon les indications, que j'avais signalées dans l'un de mes ouvrages (qui me sont parvenues de l'intérieur même de vos services), 75 officiers de l'armée israélienne se trouvaient, fin 1987, sur le Mur saharien, en tant que "coopérants" militaires. De même, des officiers sud-africains vous apportent leur concours, aux côtés de leurs alliés israéliens, car ces derniers vous ont ouvert aussi les "cœurs" et les arsenaux du régime de l'apartheid et de la barbarie raciste, qui, de concert avec Israël, vous ont fourni tout le matériel équipant le Mur saharien.

        Plus que les faits évoqués précédemment, qui vous vaudront un jour, dans le prétoire de l'histoire et de la mémoire de notre peuple (et devant une Haute cour), plusieurs accusations de haute trahison, il faut s'arrêter ici à l'un des aspects les plus ignobles de votre alliance stratégique et de votre collusion totale avec le sionisme et l'Etat d'Israël. Ce service éminent que vous avez rendu à Tel-Aviv, qui n'a pas eu heureusement les résultats escomptés, mais qui a néanmoins fait de très nombreux morts et blessés, concerne le bombardement criminel, par l'aviation israélienne, du siège de l'O.L.P. à Tunis, le 1/10/l985. Cette action ne visait pas moins que la destruction de la direction de l'organisation palestinienne. Votre rôle dans la phase ultime de ce complot éminemment dangereux, fut d'une importance capitale, que notre peuple ignore, au même titre d'ailleurs que les opinions arabe et internationale. Je précise que tous les faits évoqués ici pour l'histoire, au sujet de cette machination diabolique contre la direction de l'O.L.P., me furent rapportés par un dirigeant important de l'organisation palestinienne, qui tenait, au nom de cette dernière, à porter à la connaissance des patriotes et du peuple marocains, comment le "Génie de l'Atlas" et le "Commandeur des croyants" (alors président de la Conférence islamique et toujours actuellement président du Comité Al-Qods!) complote contre le peuple palestinien, contre ses instances et ses dirigeants politiques représentatifs ! Voici donc le compte rendu fidèle des faits qui me furent rapportés, afin de vous remettre en mémoire les données concernant votre trahison d'octobre 1985.

        Je vous rappelle qu'à la veille du 1/10/1985 (jour du bombardement du siège de l'O.L.P.) c'est-à-dire le 30/9/1985, Arafat était en voyage au Maroc. Ce dernier avait probablement dû entendre, encore une fois, vos boniments habituels et vos "rêves" (terme que vous aviez utilisé, lors d'une "célèbre" interview accordée au journal français France-Soir en 1977), concernant un Moyen-Orient sionisé, arc-bouté, selon vous, sur (je vous cite) "les possibilités matérielles des pays arabes et le génie créateur des Israéliens" ! Avant le départ pour le Maroc du président de l'O.L.P., une décision fut prise concernant la tenue d'une réunion plénière et importante du Comité exécutif à son siège de Tunis, justement le premier octobre 1985, à partir de 10 heures et quart du matin. Or, les services américains et israéliens eurent vent de la tenue de cette réunion (avec le jour et l'horaire), avant même le départ d'Arafat au Maroc ! Dès lors qu'Américains et Israéliens disposèrent de ce renseignement capital, ce fut le branle-bas de combat, et des avions israéliens (des F15 et des F16) vinrent se positionner en "attente", dans des bases de l'O.T.A.N., dans le sud de l'Italie et sur des porte-avions de la sixième flotte américaine en Méditerranée. Arafat se trouvant au Maroc, le 30/9/1985, la tenue de la réunion du Comité exécutif de l'O.L.P le 1/l0/1985, était donc liée au retour du président Abou Amar. Ce dernier ne revint que vers 2 heures de la nuit du 30/9/1985 au 1/10/1985. Américains et Israéliens en déduisirent alors que la réunion prévue aura lieu à l'heure prévue. Or, comment les services de Washington et de Tel-Aviv eurent connaissance du retour à Tunis d'Arafat ? Le "précieux" informateur qui les informa, c'est vous en personne! Oui, vous, le soi-disant "Commandeur des croyants", le président du Comité Al-Qods, violant une des lois musulmanes les plus sacrées relatives aux invités, qui leur aviez communiqué ce renseignement capital !! Le responsable de l'O.L.P. venu me faire part de ces informations, m'affirma d'une façon catégorique que la direction de l'O.L.P. possède des preuves irréfutables, quant à votre rôle décisif et criminel dans le bombardement du Q.G. de l'organisation palestinienne à Tunis. Comme les services américains avaient fourni à Tel-Aviv tous les relevés aériens topographiques et photographiques du siège de l'O.L.P. et de ses environs immédiats, les appareils israéliens surgirent, à l'heure prévue, dans le ciel de Tunis, et cela grâce à la "coopération" du "Commandeur des croyants", qui avait été mis "au parfum", par ses "amis" israéliens et d'outre-Atlantique sur les objectifs de la conjuration criminelle contre les représentants légitimes du peuple palestinien. Le siège de l'O.L.P. explosa littéralement sous l'effet de bombes guidées au laser, lâchées par les F16 avec des F15 en couverture. Arafat et les principaux dirigeants palestiniens n'échappèrent à la mort que grâce au report de l'horaire de la réunion du Comité exécutif. En effet, arrivé à une heure avancée de la nuit, Abou Amar dormit tard dans la matinée, et ne fut pas réveillé par ses collaborateurs qui prirent les dispositions nécessaires, quant au report de l'heure de la réunion.

        A l'une de mes questions au responsable de l'O.L.P. venu m'informer, sur le pourquoi celle-ci n'avait-elle pas dénoncé le soi-disant "Commandeur des croyants", dès lors qu’elle avait des preuves irréfutables contre lui, quant à sa collusion, il me répondit que presque tous les régimes arabes (chacun à sa façon) avaient comploté contre la direction du peuple palestinien !

        Il convient de situer votre rôle capital dans cette conjuration, comme un prolongement "naturel", d'une part de la visite secrète effectuée par Pérès au Maroc (1984), en tant que premier Ministre d'Israël, et d'autre part du congrès sioniste qui s'était tenu à Rabat (les 13 et 14 mai 1984), sous votre "haut patronage", en tant que président du Comité Al-Qods, lequel, une semaine auparavant avait tenu (à Rabat) ses assises "solennelles" au sujet de la question du transfert des ambassades étrangères à Jérusalem. En effet sous le couvert de la tenue du Congrès du conseil des communautés israélites émigrées du Maroc, se tint, en réalité, un véritable congrès sioniste mondial. Ainsi, le pays de la Conférence islamique et du Sommet de Fès, accueillait une assemblée qui comptait, non seulement les grandes figures du judaïsme mondial, mais toute "une armée" représentant l'establishment israélien" (Jeune Afrique du 23 mai 1984), qui avait délégué des députés de la Knesset appartenant au Parti travailliste, au Likoud, au Tami etc.. En plus des délégués des communautés israélites marocaines émigrées, plus de 300 délégués sionistes, venus de tous les continents, avec à leur tête le président du Congrès juif mondial Edgar Bronfman, furent ainsi pendant plusieurs jours, sous les feux de l'actualité, au grand contentement des dirigeants de Tel-Aviv et de l'Occident dans son ensemble, et à la grande stupéfaction et de l'indignation de notre peuple, ainsi que des mondes arabe et musulman, sans oublier le peuple palestinien martyr. Pour couronner le tout, votre fils Mohamed, accompagné de votre premier Ministre et de plusieurs membres de son cabinet, fut délégué pour assister au dîner de gala fastueux (payé par le peuple marocain) ayant clôturé ce congrès, qui fut, en fait, la manifestation la plus spectaculaire de votre alliance stratégique, depuis 1957, avec le sionisme mondial et l'Etat d'Israël.

  3. ) - D’autres faits concernant vos trahisons

        Votre grande capacité maladive et morbide, de nuisance, de prédation et  déprédation, arc-boutée sur des pulsions meurtrières, relevant assurément de la psychiatrie, n'a d'égales que vos "vastes dispositions naturelles" à trahir notre peuple et la nation arabe, et à porter gravement atteinte à leurs intérêts vitaux, ainsi qu'au patrimoine national de notre pays. Dans ce sens, il est un fait qui ne retient malheureusement pas l'attention des opinions marocaine et internationale, à savoir la présence de bases militaires américaines au Maroc, depuis près de 30 ans (!), constituant un danger contre la sécurité de notre pays et celle de la nation arabe, dans la mesure, où dans le passé, elles ont été (et le sont toujours) le relais des complots contre le Maghreb dans son ensemble et contre les Arabes, d’une façon générale. Il suffit de rappeler ici leur rôle, avec votre accord et votre "bénédiction", lors de l'agression israélienne contre l'Egypte et la Syrie en 1967, et même lors de la Guerre d'octobre en 1973. De même, ces bases constituent autant de pôles des machinations et des complots impérialistes vers l'Afrique sud-saharienne, dans les guerres civiles du Tchad et d'Angola notamment. D'ailleurs, les militaires américains de ces bases y entraînèrent des centaines de mercenaires de Jonas Savimbi, le chef de l'U.N.I.T.A. L'armée marocaine que vous appelez "royale", aida de même puissamment ce dernier dans le même sens, grâce à votre "sollicitude" et à votre "générosité" à son égard, avec l'argent du peuple marocain .Oui, Savimbi que votre grand "ami ", Alexandre de Marenches, ancien patron des services français, de 1970 à 198l, et l'un des principaux "parrains" de votre lobby en France, et qui (comme je l'ai signalé dans ma longue lettre au président Mitterrand, envoyée le 2 mai 1990) causa (et cause toujours) d'immenses préjudices au peuple marocain ; vous présenta et recommanda avec chaleur, comme il le reconnaît lui-même dans son ouvrage. Alexandre de Marenches, à qui vous avez offert, entre autres au début des années soixante-dix, une somptueuse résidence à Tanger, en échange de services qu'il vous a rendus, dans le cadre de votre guerre contre notre peuple, et dans celui de l'échange de "bons procédés". D'ailleurs, d'une façon générale, de par votre volonté délibérée, notre pays est devenu, depuis 3 décennies, une des bases d'agression contre l'Afrique sud-saharienne pour le compte des officines de Paris et de Washington. De même, il est devenu le "port d'attache" pour les mercenaires, les crapules et les criminels en tous genres, à l'instar de Bob Denard, qui sont autant de commis voyageurs des complots et des crimes mijotés par les services parisiens et américains. Sans oublier les nombreux fonctionnaires retraités des polices et des services, français notamment, qui sur le tard de leur vie, émigrent vers les "rives du soleil", se reclassent et font fortune à une "vitesse supersonique en gérant des boîtes et des maisons de passe ou en s'intégrant dans vos réseaux de haschisch, à destination de l'Europe occidentale, des Etats-Unis et au Canada. Pour ne pas "perdre la main", ces "touristes" d'un genre particulier continuent parallèlement à prodiguer des conseils "précieux" à vos tueurs et à vos spécialistes du crime et de la violence. Vous les gratifiez ainsi "royalement" pour leur contribution criminelle à la guerre que vous menez contre le peuple marocain, et à celle qu'ils ont menée naguère, dans le cadre (ou plutôt parallèlement) de leur fonction, contre le peuple marocain de l'immigration et contre nos patriotes et nos exilés en France. Dans ce sens, je parle en parfaite connaissance de cause, du fait que j'ai failli perdre la vie en 1980, à la suite de la conjuration criminelle et "quasi scientifique" (ayant abouti à mon hémorragie cérébrale), ourdie par ceux-là mêmes qui apprécient tellement vos chèques "royaux" et vos enveloppes "plantureuses", bourrées de billets de 500 francs. Vos clients zélés et intéressés des officines françaises m'ont même fait goûter (en mai 1989) au "confort" de leurs prisons pendant 27 jours. Et pour cause ! Que ne peuvent-ils pas faire pour vous être "agréables" quand, à la clef, il y a, d'une part les "cadeaux" de "Sa Majesté", et d'autre part la perspective d'une retraite dorée sur les "rives du soleil", où il y a plein de devises à amasser, tout en faisant suer les "bougnoules" de douleur et de sang ?

        Pour revenir au rôle de notre pays, dont vous avez fait une des bases d'agression contre l'Afrique sud-saharienne, je vous rappelle ici les agissements criminels du général Kettani{qui relevait directement de vous), ayant contribué, d'une façon décisive, à l'arrestation et à l'assassinat du premier Ministre congolais Lumumba en 1960. Kettani, chef du corps expéditionnaire marocain (3200 hommes) au Congo (devenu Zaïre), était de même chef adjoint des forces de l'O.N.U. et conseiller de l'A.N.C.(Armée nationale congolaise), c'est-à-dire d'un certain Mobutu, agent notoire de l'Union minière et de la C.I.A.. De même, l'agression {fomentée par les officines parisiennes) contre la République populaire du Bénin, au début de 1977, commise par des mercenaires, fut perpétrée avec votre accord, votre "coopération" et votre "bénédiction", dans la mesure où les agresseurs furent "préparés", du 3 décembre 1976 au 15 janvier 1977, à la base de Ben Guerir, d'où ils décollèrent pour aller semer la mort dans les rues de Cotonou. Quant à l'équipée des forces marocaines en 1977 et 1978 au Shaba, pour le compte de Paris, de Bruxelles et de l'Union minière, je laisse parler à ce sujet votre grand "ami" Alexandre de Marenches (dans son ouvrage déjà cité), qui apprécie tellement votre "système, qui ne ressemble pas aux démocraties molles européennes" (p.173) ! D'ailleurs, aux pages 172, 173, et 174 de son ouvrage, il ne cache nullement son "grand mérite" et son succès de vous avoir convaincu d'envoyer "gratuitement" et criminellement nos soldats au Zaïre pour y défendre les intérêts bien connus de l'impérialisme. Et le "conseiller des princes", de faire sa confidence : "sans le roi Hassan II, sans le Maroc, nous n'aurions pu mener un certain nombre d'opérations - surtout en Afrique – et nous n’aurions pu, en particulier, soutenir militairement et autrement Jonas Savimbi" (p .180).

        En mettant des forces et nos bases militaires à la disposition de l'impérialisme pour les opérations au Shaba, vous aviez voulu en obtenir alors des gages, par le renvoi de "l'ascenseur ", dans le cadre de votre "Complot saharien". En effet, d'aucuns d'affirmer qu'aux "yeux de Hassan II, l'affaire du Sahara se joue également au Shaba" (Jeune Afrique, 21 avril 1977).

        L'équipée du Shaba illustre éloquemment le peu de cas que vous faites des intérêts vitaux du peuple marocain et de son patrimoine. A ce sujet, je laisse encore une fois la parole à votre grand "ami" Alexandre de Marenches (dans son ouvrage) qui affirme que "cette affaire (du Shaba) a coûté cher aux Marocains. Ils ont envoyé là-bas beaucoup de matériel qu'ils n'ont jamais récupéré. On leur avait promis de le leur rembourser, ce qui, à ma connaissance, n'a jamais été fait à ce jour, pas même les frais de su subsistance" (p.174) ! Dans une interview que vous aviez accordée à l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, vous aviez révélé, il y a plus de 10 ans, que l'équipée du Shaba avait coûté 60 millions de dollars au peuple marocain! Quelle générosité et quelle magnificence "royales"! Surtout quand on sait que ce ne sont pas vos deniers, pour lesquels vous n'avez jamais versé, durant toute votre vie, une seule goutte de sueur et une seule goutte de sang.

        60 millions de dollars semés en pure perte dans le fin fond de la savane africaine, pour la "seule beauté du geste" (!) et pour les "beaux yeux" de forces, dont la seule préoccupation est d'anéantir les aspirations et l'espérance des peuples et de continuer à piller leurs richesses. Mais durant ces 3 longues décennies de la "nuit marocaine", notre peuple a eu tout le temps pour vous connaître, vous jauger, vous "mesurer" et vous reconnaître une grande capacité de nuisance, de prédation et de déprédation, ainsi que des "dispositions naturelles" à trahir le peuple marocain, à vendre notre pays et à dilapider son patrimoine, dont vous vous êtes emparé par un véritable hold-up, que vous avez essayé, d'une façon obsessionnelle, de légitimer, de sacraliser et même de diviniser. Et tous les Marocains" savent comment vous mobilisez, depuis 30 ans, la vaste "faune" d'aboyeurs pour s'acquitter de cette basse besogne. Il vrai qu'un "Commandeur des croyants", du haut de "Sa Majesté", n'a pas à s'arrêter à de telles "vétilles" car il semble ignorer que dans l'histoire, la mémoire et le cœur des peuples, il ne peut y avoir de place pour la légitimation, la sacralisation et la sanctification de l'usurpation, de l'imposture, du crime et de la trahison.

        Venons-en maintenant aux dernières halte et trace sur votre sombre et interminable itinéraire de trahison. Elles portent sur votre collusion avec l'agression barbare américano-sioniste et atlantique contre le peuple frère héroïque d'Irak. Après le 2 août 1990, on a vu, plus qu'en 1948, plus qu'en 1956, plus qu'en 1967, plus qu'en 1973, plus qu'en 1982, lors de l'agression israélienne contre les peuples libanais et palestinien, et depuis le déclenchement de la glorieuse Intifada, depuis décembre 1988 etc.., comment l'Occident et les ennemis implacables des Arabes, se mobilisent et mobilisent même l'apocalypse pour les agresser, pour s'emparer de leurs richesses et même éventuellement les anéantir. De même, on a vu l'Amérique des métèques, sans histoire, sans mémoire et sans culture, rameuter et démarcher (avec l'argent arabe en très grande partie) ses alliés et ses laquais (dont vous avez l'insigne "honneur" d'en être un et de "droit divin"), pour aller d'une part, s'emparer de la "station-service arabe", selon la belle formule d'un citoyen irakien interrogé par un journaliste étranger, et d'autre part pour faire une guerre totale aux Arabes, par procuration de l'Etat d'Israël, votre allié stratégique. En troisième lieu, pour établir au Moyen-Orient des bases militaires. permanentes d'agression et d'asservissement de la nation arabe. On a vu comment Bagdad d’Ar-Rachid et d'Al-Mamoun, la Cité de la paix Bagdad de la Maison de la sagesse, de la poésie, de la médecine, des bibliothèques d'il y a de cela plus de 8 siècles,  détruite et rasée par un déluge de fer et de mitraille. Oui, Bagdad qui est une blessure et une détresse dans la mémoire collective arabe, depuis sa destruction par les Mongols en 1258 et en 1401. 0n croyait que le temps des Mongols était révolu, pourtant voilà les "nouveaux Mongols", venus cette fois-ci de l'Ouest pour assassiner les femmes et les enfants d'Irak, pour détruire les infrastructures civiles des musées-mémoire de la civilisation universelle, des églises, des mosquées des sanctuaires religieux. Les "nouveaux Mongols", pour légitimer leur "croisade" contre la nation arabe, avaient besoin de "supplétifs", de G1aoui et de "Harkis" recrutés facilement à Ryad, au Caire, à Damas et "naturellement" à Rabat. Comme naguère au Vietnam et en Algérie, l'Amérique des métèques sans histoire, sans mémoire et sans culture, avait besoin d'une "arabisation" de façade de sa guerre contre les Arabes, pour perpétrer son génocide contre le vai11ant peuple d'Irak. Et dans votre laïus du 3 mars 1991, qui est une invariable et banale répétition de ce que vous débitez depuis 30 ans, vous n'avez même pas eu un seul mot, une "consonne" une "voyelle" pour le martyr et l'immense détresse du peuple d'Irak frère. Pas un mot pour les dizaines de milliers de bébés, d'enfants et d'adolescents de Bagdad, de Bassorah,  d'Al-Amirya, de Fallouja etc., pulvérisés et "rôtis" par les bombeS et l'enfer déversés du ciel par les "Mongols de l'Ouest". Par contre, pour "le bon p1aisir" et les dollars de l'Amérique des métèques, sans histoire, sans mémoire et sans culture, pour ses "supplétifs" européens, pour les émirs des bordels, des casinos et des pratiques esclavagistes, vous avez affirmé haut et fort dans le même laïus que "de toutes nos forces, nous demeurons du côté de la légalité et de la légitimité" ! Assurément, une légalité et une légitimité baignant dans une mer de pétrole et de sang arabes, pour la prospérité et le confort des nouveaux colons et des "nouveaux Mongols" ! Légalité et légitimité qui sont d'ailleurs de la même nature que celles dont vous vous réclamez, depuis 3 décennies, pour détruire et piller notre pays, pour voler notre peuple pour le trahir et pour décimer ses forces vives et sa jeunesse.

        En optant pour l'envoi d'un contingent militaire marocain en Arabie, à la demande de Washington et de ses laquais à Ryad, vous avez pris fait et cause pour les "nouveaux Mongo1s", contre la volonté unanime du peuple marocain, qui s'est exprimé le 3 février 1991, lors des manifestations gigantesques, dont celle qui s'est déroulée à Rabat, a rassemblé 700 000 personnes environ. Et de nombreux observateurs étrangers ont estimé, à juste titre, que ces manifestations sans précédant constituent un véritable plébiscite contre vous et contre votre régime ignoble. Le peuple marocain s'est de même exprimé contre vous, par la désertion vers l'Algérie (à la fin de janvier 1991), de près de 700 soldats et officiers de l'armée, que vous appelez "royale", basée au Sahara. Notre peuple s'est aussi exprimé contre vous, par les "altercations" armées et les échanges de coups de feu, entre le contingent que vous avez envoyé en Arabie et des soldats de l'occupant américain.

        Le 3 février 1991, constitue assurément, pour le peuple marocain une date- rupture, dans la longue nuit qu'il vit depuis 3 décennies, et vos menaces proférées dans votre laïus du premier février 1991, ne seront plus opératoires. Le peuple marocain et toutes les composantes du mouvement national ont compris, le 3/2/1991, qu'à l'avenir rien ne sera plus avant. Dans votre laïus du 1/2/1991, vous avez essayé de justifier d'avoir pris fait et cause pour les "nouveaux Mongols", en invoquant, selon vos propres termes, "la vertu et l'amitié" qui vous lient aux émirs des bordels,  des casinos et des pratiques esclavagistes. Or, le peuple marocain vous a répondu, d'une façon adéquate par les slogans ayant ponctué les clameurs des manifestations du 3/2/1991. Il est vrai que votre engagement aux côtés des "nouveaux Mongols" vous a valu une prime ou plutôt un "bonbon" de 730 millions de dollars (source : Jeune Afrique du 13-19/2/1991). En effet, pour Londres, Paris, Washington et les émirs des bordels et des casinos, l'honneur et la dignité de notre peuple ne valent pas plus. C'est en effet la misérable aumône dont ils vous ont gratifié pour avoir cautionné la destruction de l'Irak et le génocide de son peuple. Destruction qui était de toute façon programmée par Washington et Tel-Aviv, sitôt la guerre Iran-Irak terminée. L'Amérique et ses laquais européens ne le cachent même plus maintenant, et s'ils n'y avait pas eu le Koweït du 2 août 1990, ils l'auraient inventé, dès lors où les objectifs stratégiques sont:
 

- l'occupation permanente des zones pétrolières arabes,

- la destruction de la puissance économique, scientifique, technologique et militaire de l'Irak et donc de celle de la nation arabe. De même, son démembrement est un objectif stratégique.

- l'émergence d'Israël, en tant que seule puissance militaire dominante et écrasante dans/de la région,

- la "solution finale" de la cause sacrée du peuple palestinien martyr, surtout que parallèlement aux clameurs des "nouveaux Mongols" se pavanant à leur guise dans les sables du "désert" arabe,  arrivent en Israël et, cela chaque mois, en silence et "curieusement" loin des "feux médiatiques", des milliers de Juifs d'U.R.S.S. et des pays de l'Est.
 

Vous avez cautionné "légalement et légitimement" (en paraphrasant les termes que vous avez utilisés dans votre laïus du 3/3/1991) la division du monde arabe, avec comme corollaire la destruction de la Ligue arabe. De même vous avez apporté votre contribution "royale" pour que monsieur Bush devienne le véritable président de l'O.P.E.P. !

        A voir comment, après la destruction et l'anéantissement de 1’Irak et le génocide de son peuple, à voir comment se développent la course effrénée et la concurrence acharnée, entre les principaux agresseurs, pour s'emparer des marchés du Moyen-Orient arabe occupé, on mesure ainsi les dimensions et la portée stratégiques du complot ourdi contre la nation arabe. On mesure aussi l'ampleur du désastre des Arabes, qui assistent impuissants au fait que leur pétrole jaillit de leur terre, et est livré gratuitement à leurs ennemis, alors que la quasi-totalité de leurs peuples croupissent dans la misère, la famine, l'ignorance, la détresse et les malheurs en tous genres. Bien plus, une partie de leur pétrole est employée par l'Occident pour les agresser et les exterminer !

        Tel est le contenu de la "légalité et de la "1égitimité" dont vous vous êtes réclamé avec force, dans votre laïus du 3 mars 1991. Et je viens de démontrer que cette "légalité" et cette "légitimité" sont celles de l'impéria1isme et du sionisme ; celles aussi des "ogres " du pétrole et des canons.

        Ainsi, aux innombrables crimes et trahisons dont vous avez "meublé" votre vie, depuis 3 décennies, ainsi qu'aux immenses préjudices causés au patrimoine national, dans sa diversité économique, politique culturelle et sociale, dont le peuple marocain en porte les blessures et le "tatouage", vous y ajoutez, en plus pour votre "gloire", à l'occasion du trentième anniversaire de votre coup d'Etat dynastique du 26 février 1961, les insignes et le "wissam" du sang des martyrs de l'Irak héroïque, de Bagdad, de Bassorah de Mossoul, d'Al-Amirya, d'Al-Fellouja etc.. Insignes et "wissam" forgés au feu et à l'enfer des B52 et des missiles de croisière Tomahawk, et que vous porterez au front, jusqu'à la fin des temps, en "bonne compagnie" d'Assad, de Moubarak et des émirs des bordels et des casinos, comme une malédiction, comme une inexpiable infamie.

        C'est vous dire les terribles charges qui pèsent sur vous, dans votre inexorable confrontation avec la mémoire du peuple marocain. Et comme je l'ai signalé, dans ma lettre du 2 mai 1990, au président de la République française monsieur Mitterrand, les patriotes marocains retiennent contre vous "près de 2 dizaines de chefs d'accusation. dont plusieurs de haute trahison".


V - DE LA RESPONSABILITE DU POETE ET DE L'ECRIVAIN

        Quand le destin d'un peuple et d'un pays est en péril, ce dernier devient alors la mesure et la hantise de la parole et de l'écrit poétiques, qui le contournent et le cernent. Comme la parole et l'écrit du poète ont pour refuge l'éclat d'une perception et d'une appréhension totales. Or en face la détresse et le péril pour tenter de les déchiffrer, c'est dresser contre eux un barrage de mots, en tant que prélude et préalable à un barrage des consciences et des volontés. Or, la prunelle des mots, face à la détresse et au péril, c'est aussi la vision, le dit et l'écrit du risque. I1 est de même, la vision, le dit et l'écrit d'une conscience vigile, au milieu de la fureur, de la détresse et de l'infinie beauté du monde de la vie. C'est pour cela que la parole et l'écrit du poète constituent le souffle et le verbe d'une conscience aux aguets, prenant du recul et faisant retraite pour mieux contempler le monde. Pour mieux l'interroger,  pour mieux le célébrer et le chanter, pour le mettre éventuellement à 1'index et le dénoncer, car la sève de la vision, de la parole et de l'écrit du poète puise sa substance dans la détresse, le péril et la beauté du monde. La parole et l'écrit du poète, en tant que souffle et geste vitaux, sont la voix et l'appel dans les "vallées" des consciences, pour veiller et réveiller les vivants, d'autant plus que le poète, à l'instar d'un guetteur, est le seul à savoir jusqu'où porte l'écho se son cri, mesurant la portée et la puissance révolutionnaire de son interrogation. Oui, le poète est essentiellement un veilleur et un interrogateur du monde et dans le monde. Il en est l'arpenteur et le baliseur. Habité par son sentiment océanique d'une vie, telle qu'il la rêve pour son peuple, pour les siens et pour lui, il porte "tatouée" en lui, sa blessure dans son attente et son interrogation. Dans la mesure où le cri du poète est l'alarme et l'arme suprêmes contre la détresse et le péril, sa parole, son dit et son écrit, même solitaires, sont la voix et l'appel de son non et de son refus, lesquels sont révolutionnaires, par essence, du fait qu'ils constituent, en réalité, le non et le refus collectifs. Assurément ! car ils procèdent de la volonté déterminée et de l'obsession de retrouver le "Graal" de la vie rêvée et attendue. Non et refus portant sur leur fronton, à la face du monde, le risque du défi, puisque la vie est, depuis l'origine des temps, un perpétuel défi. Dans le cas contraire, c'est le triomphe de la détresse, du péril et de la mort. C'est peut-être pour cela qu'Aragon a affirmé que le "poète a toujours raison". Bien plus, il a toujours raison, même quand il a apparemment tort ! Et pour cause ! Le secret et la puissance de sa parole et de son écrit résident dans son vouloir dire, dans son oser dire et son risquer dire, et souvent il est malheureusement le seul à le faire, parce qu'il est tendu vers l’avenir d'une vie rêvée et attendue, tout en interrogeant et en vivant la détresse et le péril des temps présents. En effet, le poète peut certes connaître la plénitude de la perception et de l'appréhension totales, mais il ne connaît jamais le sentiment béat du définitif, du fait que la détente, le déploiement et le bond de sa parole et de son dire, ont besoin d'une tension, à l'instar de celle de l'arc du chasseur.

        Récipient et tabernacle de 1'interrogation, en tant que quête de l'ombre de la vérité, la parole du poète, qui est veille éveil et vigilance, est toujours en route et en chevauchée, à la recherche du plus haut sens. D'ailleurs, le poète est essentiellement une pensée et une vision en errance et de l'errance. Ce plus haut sens, il a quelquefois l'impression fugace de le saisir dans la contemplation d'une fleur, d'un vol d'oiseau, du bleu du ciel et de la mer, du "carmin" du limon, du frémissement lumineux d'un sourire ou d'une prunelle, et enfin de l'amertume et de la détresse du regard de son peuple, celui des siens et du sien propre. Et toute la quête du poète, dans sa veille, son éveil et sa conscience vigiles, est d'une part une recherche continuelle d'apporter sa contribution pour allumer et 1lluminer l'amertume et la détresse des vivants par un flambeau d'espérance, et d'autre part de maintenir vivaces les braises de sa fureur et celles de son feu d'espérance.

        Pour vous, qui vous vous complaisez, d'une façon maladive, morbide et diabolique dans votre rôle de prédateur et de déprédateur, et qui avez effectué un hold-up de la souveraineté et de la dignité du peuple marocain, ainsi que de son patrimoine, je dis pour votre gouverne, que le poète dit et allume l'espérance et la prunelle de la déesse Liberté, à qui il tente d'offrir la coupe de la salvation. Cette coupe est pleine de sa sueur, de son attente vigile, aux aguets d'une vie rêvée et attendue, de son amertume, de sa détresse et quelquefois même de son sang et de sa vie, car il faut encore le rappeler, sa parole est, par essence, le dit du risque, dans toute sa plénitude, quant à sa perception et à son appréhension totales .Aussi accepte-t-il d'assumer pleinement sa détresse et son amertume, parce qu'elles procèdent entièrement de celles de son peuple. Bien plus, il les dit, les célèbre et les chante jusqu'au mythe et la légende. C'est pour cela que le poète se retrouve toujours au cœur des luttes et de la résistance de son peuple. Evidemment, je ne parle pas ici des écrivains-marchandise dont les aboiements se font entendre et qu'on fait entendre, d'une façon lancinante, mais dont la voix se confond avec le froissement des billets de banque. Et si le sort du Maroc et de la nation arabe est tellement peu enviable, depuis des décennies, c'est parce qu'entre autres, y pullulent tant de plumetiers-marchandise, qui prospèrent et s'enrichissent par le commerce des mots, en célébrant et en chantant les "vertus" et la "geste" des criminels, des prédateurs, des traîtres et des tueurs de l’espérance. D'ailleurs, si le Maroc est devenu un "Sahara culturel", c'est parce vous avez réussi, entre autres, à faire de nos plumetiers-marchandise, de vulgaires flagorneurs chantant vos "vertus" et la "modernité " de votre régime ignoble. En matière de cette "modernité" , je vous renvoie à l'étude que j'ai publiée dans la revue française "Les Temps Modernes" de mars 1991" où je démonte son mécanisme et où je fais apparaître sa véritable nature.

        Crédité d'une perception et d'une appréhension totales, et tendu par une quête du plus haut sens, le poète est ainsi à même de dire le plus et le mieux, pour interpréter, comprendre et faire comprendre le monde, et pour dresser un barrage contre la détresse et le péril, dans les consciences et les volontés. Comme son dit et son cri sont, par essence, le dit et le cri du risque, on mesure ainsi le poids de sa responsabilité, car il est malheureusement souvent le seul à vouloir, à oser et à risquer dire, et donc à récuser et à dénoncer l'inacceptable. Et au terme de ces 30 ans de votre régime odieux, Allah sait combien le peuple marocain a vécu, supporté et souffert plus que l'inacceptable ; et vous êtes le symbole même de l'inacceptable.

        En tant que geste vital et total de création, le dire du poète et de l'écrivain de la lutte et de la résistance, est une parole assumée entièrement, car elle passe pour être la voix d'une conscience construite, contribuant à la construction et à l'émergence d'une conscience collective de combat, face aux forces de la prédation, de la déprédation et de la destruction. Parole assumée entièrement, assurément ! Et cela malgré tous les risques et tous les périls. De là vient probablement le fait que le sentiment de la peur est généralement étranger au poète, car on n'a peur que de ce que l'on ne connaît pas. Aussi, peut-on considérer que la stratégie de l'ignorance et de la crétinisation (fonctionnant dans le cadre du "Sahara culturel") que vous avez mise en place, depuis 30 ans, avec l'aide massive et multiforme des ennemis de notre peuple et des Arabes, est certainement à la base de la peur que vous avez réussi à "semer" dans le cœur des Marocains, ayant perdu jusqu'à la mémoire de leur histoire et de leur grandeur nationales, ainsi que celle de l'extraordinaire résistance séculaire de notre peuple.

        Vous comprenez monsieur le soi-disant "Commandeur des croyants", le sens et la portée de cette longue lettre-réquisitoire-accusation, qui s'arc-boute d'ailleurs sur ma fierté d'être resté fidèle à la tradition de résistance de ma famille. Pour votre gouverne, je signale que lorsque les légions de l'agression sont arrivées dans ma région (celle d'Ahermournou) en 1921, dans le cadre de la conquête coloniale, l'un de mes grands pères a été parmi les dirigeants de la résistance armée populaire, au cours de laquelle il est mort en martyr. Quant à mon père, il connut les prisons coloniales à 8 reprises, en un peu plus de 40 ans de colonisation directe.

        Pendant ces 3 décennies, vous avez détruit et vendu notre pays. Vous avez effectué un véritable hold-up de la liberté, de la souveraineté et de la dignité de notre peuple, ainsi que de son patrimoine. Vous avez fait décimer et droguer une partie de notre jeunesse. Vous avez commis des trahisons inexpiables, dont vous devrez rendre compte un jour, dans le prétoire de l'histoire et de la mémoire du peuple marocain. Mais malgré votre "interminable longévité" dans la production et la reproduction de la "nuit marocaine", vous pouvez vous "rassurer", car il y a toujours un retour du balancier de l'histoire, dont on en saisit déjà les frémissements, avant qu'il ne prenne son ébranlement et son élan irrésistibles.

        Individu foncièrement négatif, dans votre mentalité et dans votre pratique quotidienne, et ennemi satanique du phénomène fabuleux de la vie, vous avez cru avoir vaincu le peuple marocain, dont vous croyez avoir anéanti totalement les hautes traditions de résistance. Vous avez même tenté, en vain, de tuer son espérance. Mais le poète,

Dans son errance et sa bohème
et exilé en terre lointaine
de sa mémoire et de sa douleur,
se saisit de la lance de son cœur
et du boomerang de sa voix
et descendit dans l'arène.
Et face aux gladiateurs,
du sang et du néant,
il arma le souffle de son poème
et les versets de son combat,
pour semer dans le ventre de la nuit,
les germes et l'étincelle de la vie,
et proclama,
dans son exaltation en fusion :
que la lueur et la lumière soient
et que "mon espérance demeure".
Paris, février 1991.                                                                       Abdallah Baroudi
 
 
 

P.S.: Cette lettre a été envoyée aux messieurs Mitterrand, Rocard et Dumas, respectivement, président, premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République française. Elle a été, en outre, envoyée à un certain nombre de personnalités, ainsi qu'à des dirigeants de partis politiques et d'associations humanitaires français, européens, arabes et internationaux. De même, elle a été envoyée aux directeurs d'un certain nombre d'organes des presses française, arabe et internationale. Je l'ai remise aussi à mon avocat.
 
 
 

(+) Dans le cadre de l'échange de "bons procédés", le roi Fahd, "grâce" à vous, a comme médecin personnel un professeur israe1ien de Tel-Aviv. Les consultations s'effectuent dans le palais que vous lui avez fait construire au Sud-Est de Fes, tout près du cours du Sebou. De même, vous maintenez Serfaty en prison à la demande expresse de Tel-Aviv, car elle croit, qu’une fois libéré, il viendra s’installer à Paris, et constituera un facteur de "perturbation de l'unanimité sioniste" en France, du fait qu i1 est un "Palestinien" !!